L'îlot
est une unité urbaine bâtie en partie ou en totalité de
manière très diverse et qui génère, à travers
sa connexion avec les systèmes de réseaux viaire, la membrane
urbaine.
Depuis les premières civilisations, l'îlot a été
utilisé pour la régularisation d'une croissance urbaine.
Au
II° siècle av. J-C, les Grecs traitaient avec "négligences"
les problèmes durbanisme. Les rues qui ont pu être
reconnues par les archéologues sont tracées de manière
irré-gulière, excepté le Dromos (axe principal). Les
insulae de caractère modeste et irrégulieres découlent
du peu dimportance de la vie privée ; la majeure partie de la
journée se passant à lextérieur, dans lespace
public aménagé (1).
Au V° siècle une nouvelle théorie politique est mise en
place par Hippodamos de Milet. Il préconisait une grille dîlot
rectangulaire et uniforme mesurant 100 X 175 pieds (environs 32 X 52 m) (cf.
Voie urbaine).
A la même époque, les villes romaines sinspirent du principe dorthogonalité : plan en échiquier , pour le partage des terrains ou le tracé des plans durbanisme. Elles se référent à un tracé réticulaire qui conduit dans presque tous les cas à une forme rectangulaire, composée sur deux axes (quelquefois un seul) : le decumanus dune largeur de 14 ou 15 m et le cardo, perpendiculaire au premier dune largeur de 7 à 8 m. Des voies secondaires parallèles ou perpendiculaires aux deux axes majeurs, dune largeur minimum de 2,5 m délimitent les insulae de périmètre carré ou rectangulaire tous les 60 à 70 m (2).
Au XII° et XIII° siècle , la période du Haut moyen age est marqué par un urbanisme nouveau qui se caractérise par la création de bastides ou de villes nouvelles. Le concepteur de bastide joue avec des ayrals, petits îlots obtenus par une trame. "Les axes les plus larges sont les rues charretières, qui prolongent les routes au sein de l'agglomération. Perpendiculaires à eux, et plus étroites, sont les rues traversières qui desservent les îlots. La mitoyenneté des ayrals est rompue par l'existence des andrones, qui permettent à chaque maison d'apparaître comme une cellule in-dépendante". A Villefranche-de-Rouergue les ayrals mesurent 4 cannes sur 10 (environ 20 X 50 m).(3)
Au XVI° siècle, Sébastien Le Prestre de Vauban, maréchal de France et ingénieur du roi, est classé par la plupart des auteurs comme un théoricien de la Renaissance. La ville de Neuf Brisach est régie par des règles de composition comme toutes les villes de Vauban. Elle comporte une grande place centrale sur laquelle donnent les principaux édifices, les îlots bien proportionnés réalisent un équilibre entre la géometrie du tissu urbain et celle des fortifications.(4)
Au XVIII° siècle "Thomas Jefferson, lun des fondateurs des Etats-Unis dAmérique, établit une grille orientée selon les méridiens et les parallèles, qui doit servir à la colonisation des nouveaux territoires de lOuest, chaque maille contient 16 miles carrés (25 744 mètres carrés) et peut être divisé en 2, 4, 8, 16, 32 ou 64 parties plus petites. Ainsi est défini le modèle géométrique sur lequel sera construit le paysage urbain et rural " des Etats-Unis.(5)
Au XIX° siècle, Cerda réalise le plan dextension de Barcelone en introduisant pour la premiére fois le principe de la diagonale. Son plan prend la forme dun quadrillage avec des îlots carrés de 113 m de côté à pans légèrement coupé de 20 m. Les îlots ainsi configurés étaient des octogones de 12 370 m² de superficie dont les coeurs d'îlots seraient occupés par des jardins. "Cerda voyait dans ce quadrillage systématique, non un moyen de faciliter les lotissements, comme cela fut dans les villes américaines, mais le seul capable de permettre légalité sociale et doptimiser les relations entre deux points de la ville".(6)
Parallèlement , la transformation de Paris sous Haussmann, qui crée un type de ville résultant "du redécoupage des mailles en étoiles des réseaux haussmanniens".(7) Il en découle le plus souvent des îlots de formes triangulaires ainsi que des îlots rectangulaires. Le coeur de ses îlots étant occupé par des cours individuelles ou communes.
Au XX°
siècle le mouvement moderne fait son apparition entre les deux guerres
et exprime une nouvelle conception durbanisme afin de re-définir
les extensions des villes. En 1905 Tony Garnier aménageait un îlot
en créant des cours ouvertes et en renonçant à lalignement.(8)
Le Corbusier prônait labolition de lîlot, la cité
de Saint-Dié en est le parfait exemple, composée de huit unités
dhabitation sur pilotis, un peu semblable à celle de Marseille,
elle traduit une composition qui refuse les standards de la ville traditionnelle
définit par l'îlot et la rue.(9)
En 1939 Robert Auzelle prévoyait pour le quartier du Marais, le curetage
des cours, le rétablissement des jardins ainsi que louverture
de passages piétonniers publics à lintérieur des
îlots.(10)
Aujourd'hui l'îlot a sa propre autonomie, il doit avoir une forme qui
a une connexion avec la géographie du territoire et l'identité
de la civilisation. A Evry s'inspirant du modèle anglais, le promoteur
E. de Penguilly et l'architecte D. Montassut proposent des îlots de
maisons individuelles avec jardins.(11)
Christian de Portzamparc pour sa part défend l'idée de l'îlot
ouvert dans l'aménagement de la Zac Masséna. cet îlot
de 90X60 m et 90X30 m permet de multiplier les vues et les prises de lumière.(12)
V. ALIGNEMENT, ANDRONE, AYRAL, BASTIDE, COEUR D'ILOT, COUR, DIAGONALE, GRILLE,
INSULA, MAILLE, QUADRILLAGE, RUE, ...